Plonger dans l’univers de la personne hypersensible, c’est découvrir une manière singulière d’habiter le monde. L’art l’attire naturellement, lui permettant de se dévoiler librement et de laisser exprimer ses émotions. S’appuyer sur ses ressources artistiques, c’est vivre avec plus d’harmonie son hypersensibilité et en retirer toute sa richesse. On ne compte plus les personnalités ultrasensibles parmi les écrivains, acteurs, danseurs ou encore musiciens, qui ont exercé leur talent et leur créativité intérieure. Vous souhaitez partir à la rencontre d’ hypersensibles célèbres ? Présentation dans cet article de trois grands artistes : Françoise Sagan, Henry David Thoreau et Marilyn Monroe.
1. Françoise Sagan : une ultrasensible cachée derrière la légende
Propulsée très jeune sur la scène publique, Françoise Sagan ne cesse de faire parler d’elle jusqu’à sa mort. Elle subjugue plusieurs générations par son talent littéraire, ses amours, ses excès, ses frasques… Elle est dotée d’une personnalité fascinante, doublée d’une grande intelligence. Bien que ses romans et nouvelles sont de qualité inégale, elle s’impose comme une écrivaine douée, prolixe et très courtisée. Elle entretient une certaine ambivalence avec la célébrité : elle la recherche, se noie dans les mondanités, mais ressent aussi le besoin de s’en protéger en revenant à l’essentiel. Elle retrouve alors le plaisir de la simplicité, en jouant aux cartes avec ses amis les plus fidèles ou en lisant pendant des heures dans son manoir normand.
Derrière les apparences, est tapie une petite fille née hypersensible, hyperactive, faisant preuve d’une grande maturité en publiant son premier roman à 18 ans. Une fois adulte, elle fait rapidement le tour des personnes qu’elle rencontre et s’en éloigne aussitôt si elle s’ennuie. Tout va vite chez elle, en premier lieu ses pensées, expliquant notamment son débit de paroles très rapide. La solitude la tiraille : elle la fuit, mais elle lui est aussi nécessaire pour son travail d’écriture. « Écrire est une entreprise tellement solitaire », confie-t-elle. La grande aventure de sa vie est bel et bien la littérature qu’elle honore par sa plume sensible et mélancolique : elle raconte au fil des pages la vie, les sentiments, les rapports amoureux, les failles et les contradictions de l’être humain. Elle a le sens des détails comme souvent les ultrasensibles. Si elle écrit si bien, c’est parce qu’elle traverse et perçoit la vie avec beaucoup d’intensité et de perspicacité. Lors de la sortie de Bonjour Tristesse, François Mauriac la qualifie de « charmant petit monstre » ; au-delà de cette image taquine, elle demeure dans notre mémoire une personne dotée d’une grande sensibilité, authentique et bouleversante.
« Bien sûr on a des chagrins d’amour, mais on a surtout des chagrins de soi-même. Finalement la vie n’est qu’une affaire de solitude. » (Françoise Sagan)
2. Henry David Thoreau : un écrivain à fleur de peau partisan du retour à la vie au contact de la nature
Homme de lettres et philosophe né au 19e siècle, Henry David Thoreau incarne l’une des figures clés du transcendantalisme américain qui défend le retour à un mode de vie proche de la nature, par opposition au monde moderne. Lors de ses études à l’Université de Harvard, il rencontre de personnalités importantes de ce courant, notamment Ralph Waldo Emerson, qui devient son mentor.
Parmi ses essais les plus marquants figure Walden ou la vie dans les bois, écrit lors de sa retraite passée pendant deux ans dans une cabane au bord de l’étang de Walden. Il y partage sa réflexion sur la nature et son expérience du retour à une vie simple. Il n’a pas encore 30 ans et est déjà doté d’un tempérament très solitaire, fortement attiré par la nature. La richesse de son monde intérieur lui permet de passer de longues heures à l’observer, de faire corps avec elle et de communiquer avec les animaux. Dans cet environnement, cet artiste se retrouve dans son meilleur élément, aiguisant ainsi l’ensemble de ses sens pour accueillir la puissance du monde végétal.
Cet hypersensible célèbre se distingue par une plume magnifiquement poétique, honorant les merveilles de la nature et les bénéfices pour l’homme de communier avec elle. Son ode à la nature constitue aujourd’hui l’un des plus beaux récits de son œuvre.
Il apparaît aussi comme un philosophe iconoclaste, célébrant le goût absolu de la liberté, rejetant les préjugés, et réticent à l’égard de toute forme de pouvoir étatique. Il se livre à des critiques acerbes sur la société de consommation dont il perçoit les dérives naissantes et sur la productivité déjà excessive du travail. Fervent défenseur des valeurs humanistes, il s’engage également dans la lutte contre l’esclavagisme et rédige un essai sur ce sujet, Désobéissance civile, qui deviendra ensuite une référence pour Gandhi et Martin Luther-King.
Peu reconnu de son vivant, ses écrits referont surface au cours du 20e siècle et inspireront les adeptes du transcendantalisme et de l’anti-consumérisme.
« Chez moi, je jouis d’une abondante compagnie ; surtout, le matin, quand personne ne me rend visite. » (Henry David Thoreau)
3. Marilyn Monroe : l’une des plus grandes hypersensibles célèbres
Née en 1926 à Los Angeles, Marilyn Monroe grandit dans une famille dysfonctionnelle et connaît une enfance particulièrement instable et chaotique. Elle n’a pas 20 ans quand elle perce dans le monde du mannequinat et du cinéma. Elle enchaîne les petits rôles avant d’être repérée en posant dans des magazines. Sa beauté, son charme, ses formes généreuses attirent les producteurs de l’époque. En quelques années, elle devient une icône mondiale du cinéma d’après-guerre et vit de grands succès cinématographiques. Elle se retrouve malgré elle cantonnée dans des rôles de femme fatale et sulfureuse, ce dont elle souffre. La gloire et la lumière des projecteurs finissent par la piéger ; elle devient dépendante aux barbituriques et à l’alcool et est hospitalisée à plusieurs reprises.
À la lecture du recueil de lettres, Fragments, une autre image de Marilyn Monroe se dessine. Elle dévoile sa sensibilité, son intelligence et une étonnante lucidité. Elle se révèle passionnée de livres et de culture ; elle suit d’ailleurs des cours de littérature à l’université de Los Angeles. Se ressent également une quête éperdue d’absolu, qui la laisse déçue et souvent malheureuse par incompréhension des autres. En pâtissent ses relations avec les hommes, qui recherchent l’actrice en surface, bien loin de la femme profonde et pudique qu’elle est réellement. Elle ne cesse de réclamer une qualité de relation et une attention sincère, qui lui ont fait défaut dans son enfance.
Marilyn Monroe vous intéresse ? Lisez le livre passionnant de Michel Schneider et immergez-vous dans les confidences recueillies par son dernier psychanalyste, avant qu’elle ne décède. Vous rencontrerez une hypersensible célèbre, ô combien atypique. Vous comprendrez que derrière l’image de l’actrice pulpeuse et sexy se niche un être fragile, sensible, exigeant et très attachant.
« Il y a toujours deux côtés dans une histoire. » (Marilyn Monroe)
Conseils de lecture :
Sagan à toute allure, de Marie-Dominique Lelièvre, Edition Gallimard
Walden ou la Vie dans les bois, Henry David Thoreau, Edition Gallimard
Marilyn, Dernières séances, de Michel Schneider, Edition Grasset
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